Salarié étranger en France : Cadre légal de l’embauche

24 juin 2025 | Droit Social / Paie

L’embauche d’un salarié étranger en France est strictement encadrée par la loi. Elle fait l’objet de nombreuses obligations tant pour l’employeur que pour le salarié concerné. Ce cadre légal a été régulièrement adapté, notamment à la suite de la réforme entrée en vigueur en 2021 et des évolutions récentes. Voici un panorama complet et à jour des règles applicables en juin 2025.

Principes généraux applicables à l’embauche des étrangers

L’accès à l’emploi en France varie selon la nationalité du travailleur :

  • Ressortissants de l’Union européenne (UE), de l’Espace économique européen (EEE) et de la Suisse : Ils bénéficient du principe de libre circulation et peuvent accéder sans restriction au marché du travail français.
  • Ressortissants d’États tiers : Leur accès à l’emploi est subordonné à la détention d’un titre de séjour autorisant l’exercice d’une activité professionnelle ou à l’obtention d’une autorisation de travail auprès des autorités françaises.
  • Ressortissants britanniques : Depuis le 1er janvier 2021, ils sont soumis, selon leur situation, soit au régime transitoire prévu par l’accord de retrait du Brexit, soit au droit commun applicable aux ressortissants d’États tiers s’ils arrivent en France après cette date.

Obligations de l’employeur lors de l’embauche

Vérification de l’autorisation de travail

Avant toute embauche, l’employeur doit impérativement vérifier que le futur salarié étranger est bien titulaire d’un titre qui l’autorise à travailler en France. Cette obligation pèse sur tout employeur, sous peine de lourdes sanctions.

Pour sécuriser cette étape, l’employeur doit transmettre une demande de vérification de l’autorisation de travail du futur salarié étranger à la préfecture compétente au moins deux jours ouvrables avant la date d’embauche. À défaut, il s’expose à un double régime de sanctions administratives et pénales :

  • Le remboursement des aides publiques perçues,
  • L’exclusion temporaire des marchés publics,
  • La fermeture de l’établissement,
  • Jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 15 000 € d’amende par salarié concerné (barème 2024).

Exceptions : Cette démarche n’est pas requise si l’étranger présente un justificatif d’inscription sur la liste des demandeurs d’emploi ou, dans certains cas, s’il est ressortissant d’un État membre de l’UE pour lequel des mesures transitoires s’appliquent.

Procédure de demande d’autorisation de travail

Qui dépose la demande ?

  • Salarié déjà en France (procédure de régularisation) : La demande est réalisée par le salarié lui-même, notamment pour l’admission exceptionnelle au séjour dans les métiers en tension.
  • Salarié hors de France (procédure d’introduction) : La demande est à l’initiative de l’employeur.

Dossier à constituer

La liste des documents à fournir est fixée par arrêté. Depuis le 3 janvier 2025, une liste actualisée précise les pièces à fournir, notamment :

  • Attestation de versement des cotisations sociales,
  • Copie de l’offre d’emploi publiée,
  • Justificatifs sur la situation de l’emploi (absence de candidats locaux),
  • Justificatifs relatifs au logement pour les saisonniers,
  • Documents relatifs à la qualification ou à l’adéquation du poste avec les diplômes du salarié.

Conditions d’obtention

L’administration vérifie plusieurs critères :

  • Conditions relatives à l’emploi proposé : Soit le poste figure sur la liste des métiers en tension, soit l’offre a été publiée pendant 3 semaines sans trouver de candidat adapté localement.
  • Conditions relatives à l’employeur : Il doit être à jour de ses obligations sociales, ne pas avoir été condamné pour travail illégal ou fait l’objet de sanctions administratives récentes.
  • Conditions relatives à la rémunération : Le salaire proposé doit respecter le SMIC ou la convention collective applicable.
  • Adéquation poste/diplôme : pour certains statuts (étudiants, chercheurs), l’emploi doit correspondre aux qualifications du salarié.

Dépôt et instruction de la demande

La demande est adressée via un téléservice à la préfecture compétente. L’employeur doit avoir préalablement déposé l’offre d’emploi sur France Travail (ex-Pôle emploi). Les délais d’instruction sont souvent longs, et l’absence de réponse pendant 2 mois vaut rejet.

Sanctions en cas d’emploi irrégulier

Sanctions administratives et pénales

Employer un étranger sans autorisation de travail expose l’employeur à :

  • Une amende administrative : Jusqu’à 5 000 fois le taux horaire du minimum garanti par salarié concerné (soit 20 750 € en 2024), portée à 15 000 fois en cas de récidive.
  • Sanctions pénales : Jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 15 000 € d’amende (10 ans et 100 000 € si l’infraction est commise en bande organisée). Les personnes morales encourent le quintuple de l’amende et des peines complémentaires : exclusion des marchés publics, fermeture de l’établissement, dissolution, etc..
  • Cumul des sanctions : Le Conseil constitutionnel a récemment validé le cumul des sanctions administratives et pénales pour les mêmes faits, à condition que le montant global ne dépasse pas la peine la plus élevée encourue.

Responsabilité de l’employeur et obligation de vigilance

L’employeur qui n’a pas vérifié la régularité de la situation administrative du salarié peut être condamné. Cela même en l’absence d’intention frauduleuse. Toutefois, la jurisprudence admet qu’un employeur ne peut être sanctionné s’il a respecté scrupuleusement l’obligation de vérification, et n’était pas en mesure de détecter la fraude ou l’usurpation d’identité.

Respect du principe d’égalité et de non-discrimination

Une fois embauché, le salarié étranger bénéficie des mêmes droits que les autres salariés. Notamment en ce qui concerne la rémunération, l’évolution professionnelle et les conditions de travail. Toute différence de traitement fondée sur la nationalité, l’origine ou l’apparence est interdite. Exception faite si elle répond à une exigence professionnelle essentielle et déterminante et à un objectif légitime.

Points de vigilance pour l’employeur

  • Toujours vérifier l’actualité des titres et la validité des autorisations.
  • Conserver la preuve de la vérification auprès de la préfecture.
  • Respecter les obligations sociales et salariales.
  • S’assurer du respect des principes de non-discrimination et d’égalité de traitement.

Conseil : Anticiper l’échéance de la validité du titre et/ou de l’autorisation de travail pour éviter de se retrouver dans une situation illégale.

Conclusion

Pour conclure, le recrutement d’un salarié étranger exige une rigueur accrue de la part de l’employeur. Les contrôles sont renforcés et les sanctions peuvent être très lourdes en cas de manquement. Par ailleurs, l’ensemble des droits attachés au contrat de travail s’applique pleinement au salarié étranger une fois embauché. Il est donc essentiel d’être attentif à chaque étape : vérification, formalités administratives, respect des droits du salarié, et anticipation des évolutions réglementaires.

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